« Pourquoi une formation spécifique pour les femmes, c’est sexiste? » ; « Les femmes n’ont pas besoin de traitement de faveur. »; « Il n’y a besoin de séparer les hommes et les femmes, cela aggrave les différences et les stéréotypes. » ; « Il n’y a pas de différences entre la prise de parole des femmes et la prise de parole des hommes, alors pourquoi les séparer? »
Aujourd’hui, avec ma toute nouvelle formation en ligne Prise de Parole en Public pour les Femmes, j’ai parfois ces remarques.
J’ai écrit cet article pour 3 raisons
- Expliquer (plutôt rappeler) pourquoi on en a besoin
- Mettre en avant les bienfaits indéniables des formations spécifiques pour les femmes,
- Affirmer mon engagement pour l’égalité et dire haut et fort que la parole des femmes a plus que jamais besoin d’être entendue
Pourquoi on a encore besoin d’une formation spécifique pour les femmes
C’ est le constat décourageant, année après année, du faible pourcentage de femmes présentes sur scène, dans les congrès scientifiques, dans les conférences TED, dans les panels, dans les media en tant qu’expertes. Cela s’est aggravé avec la crise sanitaire.
« Cette période de crise fonctionne comme révélateur, au sens chimique du terme, du fonctionnement des médias qui invisibilise encore les invisibles et cautionne la parole d’autorité, qui est une parole masculine » Marlène Coulomb-Gully. (INA)
Les femmes continuent à être sous-représentées aux postes de pouvoir et de prise de parole au niveau de l’économie et des gouvernements dans le monde entier. Il n’y a toujours que 7.4% de femmes PDG d’après le classement mondial Fortune 500. Pas une seule femme PDG parmi les soixante plus grandes entreprises françaises. Et prendre la parole c’est aussi bien sûr prendre le pouvoir.
Les raisons de l’absence et de l’invisibilité des femmes dans l’espace public
Les raisons de cette absence et de l’invisibilité des femmes dans les sphères de pouvoir sont multiples et complexes. C’est un peu mon obsession et le sujet de toutes les conférences que j’ai pu donner depuis plus de 10 ans. C’est aussi le thème de ma TED Talk, Le syndrôme de Boucle d’Or. Pour faire court, voici les principales causes :
- Le poids des représentations depuis l’antiquité et de la figure masculine de l’orateur (« discourir est l’affaire des hommes… » Homère)
- La réduction des femmes au silence dans la sphère publique (cf le dernier débat américain, Kamala Harris « I am speaking »)
- Le manque de « rôles modèles » de femmes puissantes s’exprimant en public avec impact (toujours un grand moment de solitude quand je demande de citer les meilleures femmes oratrices…)
- La double contrainte pour les femmes : être reconnues compétentes mais dans ce cas peu appréciées et inversement, pénalisées dans tous les cas
Nous baignons dans un ensemble complexe de biais inconscients, de stéréotypes ainsi que d’obstacles structurels. Tout cela crée des barrières invisibles mais bien présentes à 3 niveaux : au niveau de l’individu, de l’organisation et de la société. C’est ce que Herminia Ibarra de la London Business School appelle « le sexisme de deuxième generation ».
Les 5 bénéfices des formations spécifiques pour les femmes
Une transformation personnelle.
La formation à la prise de parole en public nécessite une transformation personnelle. On ne travaille pas seulement au niveau des comportements, des compétences et des savoirs, mais au niveau de l’identité. Cela a besoin d’être fait dans un environnement qui favorise les échanges en profondeur. Un espace qui donne de la « reconnaissance mutuelle » et la possibilité d’opérer une identification avec les roles modèles proposés.
Un espace de sécurité.
Comme pour la transformation d’une chenille en papillon, le passage par l’étape cocon est un élément essentiel de l’apprentissage. Cet espace « cocoon » chaleureux dans lequel les femmes peuvent partager en toute franchise leurs vulnérabilité et apprendre des autres peut être révélateur et libérateur. Un espace #MeToo où on peut baisser les masques des apparences sociales.
Une plus grande liberté de parole.
Une étude de KPMG auprès de 3,000 femmes a révélé que 70% des femmes avaient plus de chance de parler de leurs difficultés au travail avec d’autres femmes. D’après cette étude, les formations entre femmes favorisent l’ouverture, l’honnêteté et l’authenticité des conversations. De plus, dans des groupes mixtes, les femmes prennent moins la parole car elles ont beaucoup plus de risques d’être interrompues, par les hommes. Le pire, c’est que cela s’accentue dans les vidéos conférences, d’après une étude récente de Catalyst.
Un networking plus solide et durable.
Ces formations contribuent à tisser des relations solides, durables d’entraide entre les femmes participantes. Cela se passe pendant et après la formation. Ces relations sont prolongées par l’appartenance à des réseaux professionnels féminins.
Un apprentissage accéléré.
J’ai souvent eu ce type de commentaires dans mes formations « Women on Stage » au sein du cabinet Ideas on Stage : « Au début, je n’avais pas spécialement envie d’être dans une formation spécifique pour les femmes. Mais après cette expérience, j’ai changé complètement d’avis – c’était beaucoup plus ouvert, chaleureux et je me sentais en sécurité. Du coup, c’était plus efficace”. Les femmes ressortent de ces programmes avec une plus grande confiance en elles et un sentiment d’empowerment. Grâce à cet espace de sécurité, d’intimité et de soutien mutuel, l’apprentissage est accéléré.
Comme vous pouvez le constater, à aucun moment je n’ai dit que les femmes avaient un style de prise de parole différent des hommes ni besoin de traitement de faveur. Comme pour les femmes et l’accès au pouvoir, il existe des obstacles et des freins invisibles entre les femmes et leur prise de parole en public. Une formation spécifique est révélatrice pour les femmes, elle leur permet de rendre visibles ces freins et ces obstacles. Et elle leur permet ainsi de pouvoir les surmonter, ensemble.
Une formation révélatrice pour les femmes
« Pour des femmes qui envisagent une transition professionnelle en particulier, suivre un programme uniquement destiné aux femmes peut être un levier extrêmement puissant. »
KPMG (2015). KPMG women’s leadership study: Moving women forward into leadership roles.
Si vous voulez en savoir plus et vous désirez vous inscrire à la prochaine formation Prise de Parole en Public pour les Femmes, cliquez ici ou contactez-moi directement.
La session d’octobre est complète (uniquement 6 places maximum à chaque fois). Les sessions de novembre et décembre viennent d’être en ligne.
Sources:
- INA. Coulomb-Gully, Doukhan & Méadel (juin 2020) En période de coronavirus, la parole d’autorité dans l’info télé reste largement masculine
- Mary Beard (2020) Les femmes et le pouvoir
- EY (2015). This isn’t about “fixing” our women! A study looking at the return on investing in female-specific leadership development.
- Ibarra, H., Ely, R. J. & Kolb, E. M. (2013). Women rising: The unseen barriers. Harvard Business Review.
- KPMG (2015). KPMG women’s leadership study: Moving women forward into leadership roles.
- Shape Talent (2020). The case for women-only development programmes.
- Tali Mendelberg (2014) The Silent Sex: Gender, Deliberation, and Institution
- Catalyst (juillet 2020) The Impact of Covid-19 on Workplace Inclusion: Survey
*La double contrainte (Gregory Bateson (1904-1980), exprime deux contraintes qui s’opposent : l’obligation de chacune contenant une interdiction de l’autre, ce qui rend la situation à priori insoluble. Ce terme est une traduction française de « double bind » (littéralement « double lien »).